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Résumé du volume I

Jai toujours aimé
regarder passer le ciel

J'ai toujours aimé regarder passer le ciel

Rien qu’à l’idée d’appeler ma mère, le téléphone voulait me mordre. Alors je ne suis jamais rentrée. Ni ce matin-là, ni le lendemain, ni aucun autre jour. Et j’ai atterri sur les pavés de la place Jacques-Cartier, comme une biche au pays des loups.

Une fois, je suis tombée sur un reptile venimeux qui s’est arrangé pour que je sois ben high sur l’acide avant de me sauter. C’est un pissenlit qui m’a délivrée du silence béant qui s’était creusé en moi.

Quelque temps plus tard, j’ai rencontré Denis et ses yeux traversés de rayons dorés. Sauf que ça n’a pas duré. Il s’est poussé dans l’Ouest et j’ai fini par apprendre qu’il s’était pendu en prison. C’est là qu’une grande vague m’a soulevée.

Je me suis retrouvée au carré Phillips, où un grand brun nommé Gaby m’a offert à manger. Puis une chambre à moi dans une drôle de petite maison, cachée derrière la rue Drummond. Au pied de l’escalier, un téléphone… j’ai appelé ma grand-mère et c’est comme ça que j’ai retrouvé mon papa. Il est venu me chercher à Montréal!

Mais en France, personne ne savait quoi faire avec moi. Alors un coup majeure, je suis vite revenue à Montréal où j’ai trouvé un petit appartement semi-meublé. Puis une job dans une manufacture, mais l’acide me rongeait les doigts et je n’avais toujours pas reçu ma première paye. Empêchée de jouer de la guitare, je pouvais toujours tendre la main à la sortie du métro. C’est là que j’ai rencontré un gars qui m’a volé ma paie… et ma guitare et moi, on a repris le chemin de la rue.

Je regardais remuer les passants de la rue St-Denis quand Adrien de Montigny m’a invitée chez lui, rue de la Gauchetière. Pas pour coucher avec moi, mais pour faire mon portrait. On aura tout vu. En plus, la chambre voisine de la sienne était libre alors il me l’a offerte, comme ça, pour rien. C’était à n’y rien comprendre, mais on ne proteste pas la bouche pleine.

Un matin, j’ai suivi le soleil jusqu’à la rue La Gauchetière. Devant mon ancien logement, j’ai offert mes dernières allumettes à Carmen, la cowgirl en minijupe ébouriffante. On est tout de suite devenues proches, si proches que j’ai fini par la trouver dans le lit d’Adrien. Ça m’a poussée dehors et j’ai marché toute la nuit. Je venais de jeter l’ancre au pied de la statue de l’Ange quand j’ai vu arriver Joël, un routard breton qui m’a proposé de partir en voyage avec lui.

Pour commencer, je voulais rien savoir, mais quand j’ai entendu Carmen mentir à Adrien en lui racontant mon histoire comme si c’était la sienne, je me suis précipitée dans les bras de Joël et j’ai dit oui. Au moins, cette fois-ci, je suis partie sans claquer la porte…

Une aigrette de pissenlit reposant sur le côté.

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Dent-de-lion est un feuilleton d’autofiction écrit, illustré et diffusé par Sophie Voillot.
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